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Tag - pays émergents

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vendredi 20 juin 2014

Pourquoi la croissance des pays émergents a-t-elle été si forte au cours de la dernière décennie ?

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« Au cours de la dernière décennie, les économies émergentes ont bénéficié de puissants vents favorables externes qui, lorsqu’ils furent combinés avec une amélioration des fondamentaux, les aidèrent à connaître une croissance robuste. La hausse de la productivité a permis aux pays émergents de réduire l’écart de revenu qu’ils accusent vis-à-vis des pays avancés. Cependant la bonne performance globale des économies émergentes masque une importante hétérogénéité entre les pays, ce qui reflète des différences dans les liens externes, mais aussi dans les politiques mises en œuvre.

GRAPHIQUE Croissance du PIB en volume (en %)

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Les économies émergentes ont connu une accélération de la croissance dans la dernière décennie et ils représentent désormais la moitié de la production mondiale. Après avoir souffert d’importants revers durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, en commençant avec les crises de la dette de l’Amérique latine du début des années quatre-vingt et en poursuivant avec la crise asiatique à la fin des années quatre-vingt-dix, les pays émergents jouirent d’une croissance forte et robuste dans les années deux mille. Par rapport aux deux précédentes décennies, la croissance des économies émergentes sur la période 2000-2012 s’est établie à 4,75 %, soit un point de pourcentage supérieur par rapport aux deux précédentes décennies. En outre, leur croissance s’accéléra alors même que la croissance des économies avancées demeurait stable. Par conséquent, les pays émergents représentent désormais environ la moitié de la production mondiale en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA) et ils sont retournés à une trajectoire de convergence sur les pays à haut revenu.

GRAPHIQUE Convergence des pays émergents sur les Etats-Unis

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Des conditions externes favorables et l’amélioration des cadres politiques ont joué un rôle majeur dans cette robuste performance de croissance. Entre 2000 et 2012 (sauf durant la crise financière mondiale), les pays émergents bénéficièrent (i) d’un accroissement des échanges mondiaux qui reflétait l’essor des chaînes de valeur ; (ii) un assouplissement des conditions de financement grâce aux faibles taux d’intérêt dans les pays avancés ; et (iii) des prix de matières premières élevés et croissants. Ces conditions favorables, couplées à la libéralisation continue du commerce et de la finance, facilitèrent l’essor des flux de capitaux et de l’investissement, ce qui se traduisit par une plus forte productivité. De plus, plusieurs pays émergents (…) en profitèrent pour mettre en œuvre des réformes structurelles, pour renforcer les cadres de politique, pour réduire les vulnérabilités et pour constituer des tampons. Ces efforts se traduisirent par une baisse des dettes publique et externe, par une meilleure couverture en réserves internationales et des régimes de change plus flexibles pour de nombreux pays émergents.

L’accélération de la croissance de la productivité a facilité la convergence. (…) En fait, la croissance de la PTF est devenue positive dans les pays émergents dans toutes les régions au cours de la dernière décennie après avoir décliné en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord dans les années quatre-vingt-dix. Malgré cette accélération de la PTF, l’accumulation de facteurs est restée le principal moteur de la croissance de la production tout au long des années deux mille. La forte croissance des termes de l’échange et l’assouplissement des conditions financières stimulèrent l’investissement et par conséquent l’accumulation du capital dans plusieurs pays émergents.

L’accélération de la croissance de la productivité a probablement reflété de nombreux facteurs, notamment (i) les gains tirés des réformes mises en œuvre au cours des précédentes décennies (par exemple, la libéralisation des échanges et du système financier, les réformes du marché du travail, la dérégulation) ; (ii) la réallocation des facteurs vers les secteurs à plus forte productivité ; et (iii) les effets de débordement générés par l’investissement direct (qui était lui-même facilité par des conditions externes favorables). De tels gains de productivité vont probablement être en grande partie temporaires, puisque les mesures de productivité tendent à être procycliques et sont souvent surestimées durant les années de boom. Surtout, l’impact de chacun de ces facteurs sur la productivité varie de façon substantielle entre les pays (…).

Le fait que les conditions externes aient été favorables explique presque la moitié de l’accélération de la croissance des pays émergents. (…) La demande extérieure (facilitée par la libéralisation), la faiblesse des taux d’intérêt mondiaux et le niveau élevé des prix de matières premières expliquent environ la moitié de l’accélération de la croissance des pays émergents dans les années deux mille par rapport aux années quatre-vingt-dix. (…)

La demande extérieure fut un moteur de croissance de plus en plus important, particulièrement dans les économies les plus ouvertes. L’accroissement du volume des échanges, couplé à un approfondissement de la libéralisation du commerce, stimula la croissance des pays émergents exportant des matières premières. (…) Reflétant la tendance continue à la libéralisation commerciale, la croissance des pays émergents a été de plus en plus sensible à la demande des partenaires commerciaux depuis les années quatre-vingt-dix. Cette plus haute sensibilité s’observe aussi bien vis-à-vis des pays avancés que des pays émergents, ce qui s’explique notamment avec l’accroissement des échanges entre ces derniers.

La demande depuis les pays avancés restait importante pour la croissance des pays émergents. Tandis que la croissance des pays émergents devint de plus en plus sensible aux autres pays émergents qui étaient leurs partenaires commerciaux, la croissance des pays émergents resta plus sensible à la demande des pays avancés (une hausse d’un point de pourcentage de la croissance des pays avancés qui étaient leurs partenaires commerciaux accroitrait leur croissance d’environ 1 point de pourcentage). La demande des pays avancés continue de dominer, puisque la croissance des échanges dans les pays émergents s’explique par la croissance des chaînes de valeur qui satisfont en dernier ressort la demande finale des pays avancés.

Pour les exportateurs de matières premières, la demande des grands pays émergents joua un rôle plus important. (…) il n’y a pas de différences significatives entre la demande des BRICS et celle des autres pays émergents pour expliquer la croissance des pays émergents. Cependant, (…) la croissance des exportateurs de matières premières est très sensible à la demande des BRICS, ce qui confirme l’importance croissante de la demande de ces larges pays émergents sur les prix mondiaux des matières premières.

Le fait que les termes à l’échange aient été favorables aida les pays émergents exportateurs de matières premières. La hausse soutenue des prix de matières premières stimula l’investissement et la croissance du PIB dans la plupart des pays émergents exportant des matières premières, beaucoup desquels jouirent d’une aubaine de revenu sans précédents. (…) D’un autre côté, la hausse des prix de matières premières nuisit à la croissance des pays importateurs de matières premières, mais leur croissance fut heureusement soutenue par d’autres facteurs.

L’assouplissement des conditions de financement stimula l’investissement et la croissance dans les pays émergents financièrement ouverts. La baisse des taux d’intérêt mondiaux et le resserrement des primes de risque de crédit (celui-ci reflétant aussi une amélioration des fondamentaux) aidèrent à stimuler la demande domestique dans les pays émergents, particulièrement dans les pays émergents les plus financièrement ouverts. (…)

Cependant, la performance depuis la crise financière mondiale a été affectée par la manière par laquelle ils ont géré ces “bons temps”. (…) Les pays émergents qui laissèrent s’accumuler les déséquilibres et vulnérabilités financières et externes ont connu une bien plus faible croissance depuis 2008. En particulier, les pays qui sont entrés dans la crise avec des déficits de compte courant excessivement larges, comme ceux de l’Europe de l’est, ont mis plus de temps pour connaître une reprise puisqu’ils ont dû se désendetter et nettoyer leurs bilans. Les pays qui ont adopté une politique contracylique avant l’éclatement de la crise financière mondiale purent utiliser leur marge de manœuvre et connaître rapidement une reprise. »

FMI, « Emerging markets in transition: Growth prospects and challenges », staff discussion note, n° 14/06. Traduit par Martin Anota

mercredi 26 février 2014

Des BRIC aux MINT ?

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« En 2001, Jim O'Neill, alors économiste en chef chez Goldman Sachs, avait forgé l’acronyme "BRIC". Comme nous le savons tous aujourd’hui, c’était un raccourci pour rappeler que l’avenir de l'économie mondiale sera profondément marqué par les performances du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine. Eh bien, O'Neill est de retour avec un nouvel acronyme, MINT, qui désigne le Mexique, l'Indonésie, le Nigeria et la Turquie. Dans un entretien accordé au New Statesman, O'Neill offre quelques autour de ce nouvel acronyme. (…)

Dans l'interview, O'Neill est bien rapide lorsqu’il s’agit de reconnaître le caractère arbitraire de ces groupements. A propos de l’acronyme BRIC, par exemple, il dit : "Si je devais le refaire aujourd’hui, je l’aurais probablement juste appelé C... L’économie chinoise est 1,5 fois plus grosse que les trois autres économies réunies." A propos des MINT, il voulait apparemment inclure à l’origine la Corée du Sud, mais la BBC l'a persuadé d'inclure le Nigeria. O'Neill dit : "C'est un peu gênant, mais aussi amusant, que j’obtienne en quelque sorte des acronymes décidés pour moi". Mais même des divisions arbitraires peuvent toujours être utiles et révélatrices. Dans cet esprit, voici quelques statistiques de base sur le PIB et le PIB par habitant des BRIC et des MINT en 2012.

GRAPHIQUE PIB et PIB par tête en 2012 (en dollars)

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source : Timothy Taylor (2014), d'après les données de la Banque mondiale

Quelles tendances peut-on observer ?

1) L'économie en croissance la plus représentative pour l'Amérique latine est désormais le Mexique et non plus le Brésil. Ce changement est compréhensible. Le Brésil a connu une croissance inférieure à la normale pendant quatre ans, son économie est en récession et elle connaît une fuite des capitaux. Pendant ce temps, le Mexique forme une alliance économique avec les trois autres nations d’Amérique latine qui ont la plus forte croissance, la plus faible inflation et le meilleur climat d'affaires, en l’occurrence le Chili, la Colombie et le Pérou.

2) Chaque économie composant les MINT est bien plus petite que chaque économie composant les BRIC. (…) Il est toujours vrai que la Chine est le facteur clé qui façonnera la croissance des pays émergents à l'avenir.

3) O'Neill soutient que même si les MINT diffèrent à bien des égards, leurs populations sont à la fois importantes et relativement jeunes, ce qui devrait contribuer à stimuler leur croissance économique. Selon lui, "c'est la clé. Avoir de bonnes données démographiques facilite les choses". C’est peut-être un peu exagéré. Toutefois, selon la théorie du "dividende démographique" (demographic dividend), les pays avec une plus grande proportion de jeunes travailleurs sont bien mieux positionnés pour la croissance économique que les pays ayant une proportion croissante de travailleurs âgés et de retraités.

4) Une manière de considérer les MINT, c'est de percevoir ce qu’ils représentent pour leurs régions respectives. Ainsi, le Mexique, bien qu’il ne représente que la moitié de la taille de l'économie brésilienne, représente l'avenir de l'Amérique latine. L’Indonésie, bien que plus petite que l'économie indienne et surtout que l’économie chinoise, représente le potentiel de croissance pour l'Usine Asie (Factory Asia), cet ensemble de pays qui construit des chaînes de valeur internationales dans cette région. La Turquie représente un potentiel de croissance dans l’Usine Europe (Factory Europe), cet ensemble de liens économiques qui se nouent dans la périphérie européenne. L'économie du Nigeria semble particulièrement faible comparée aux trois autres présentes sur cette liste, mais les estimations de croissance économique pour le Nigeria sont susceptibles d'être fortement révisées à la hausse dans un avenir proche, parce que les agences statistiques gouvernementales nigérianes sont en train de "changer de base" pour calculer le PIB, afin qu'il soit plus représentatif de la structure économique du Nigeria en 2014, alors que précédente année "de base" était 1990. Même avec ce changement de base, le Nigeria restera la plus petite économie sur cette liste, mais elle est susceptible de devenir la plus grande économie en Afrique sub-saharienne (en dépassant l'Afrique du Sud). Ainsi, avec le Nigeria, la croissance économique va peut-être enfin prendre pied en Afrique. »

Timothy Taylor, « From BRICs to MINTs? », in Conversable Economist (blog), 24 février 2014. Traduit par Martin Anota


aller plus loin... lire « La croissance des émergents réserve-t-elle encore des miracles ? » et « La renaissance des pays en développement »

mardi 28 janvier 2014

Le club des devises plongeantes

Taux de change avec le dollar (base 100 le 1er mai 2013)

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source : The Economist (2014)

vendredi 17 janvier 2014

Les écarts de production dans les pays en développement

Ecart entre le PIB effectif et le PIB potentiel (en % du PIB potentiel)

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source : The Economist (2014)

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